L'ombre de l'olivier by Unknown

L'ombre de l'olivier by Unknown

Auteur:Unknown
La langue: fra
Format: epub
ISBN: EPUB9782897120016-53745
Éditeur: Mémoire d'encrier
Publié: 2013-10-26T00:00:00+00:00


– Allumez les briquets.

Des lucioles éclairent les marches de l’escalier. Lorsque les doigts de Papa se fatiguent, ceux de mon cousin et de ma tante prennent le relais. Les flammes chancèlent, les pieds tâtonnent, les mains s’imbriquent, les cœurs s’essoufflent. Un étage, deux étages, trois, quatre, cinq ! Le train s’étire. Les jambes ralentissent. Les bras se délient pour s’appuyer contre le mur ou la rampe de l’escalier.

– Il nous reste un étage, Yamma. Ne t’inquiète pas, je te tiens.

– Akh mon fils, gémit Téta. C’est trop haut pour mes os. Ton père en mourra.

– Il y a un ascenseur. Si j’avais su qu’on couperait l’électricité à cette heure-ci, j’aurais attendu.

– Désolé mon oncle, je croyais qu’on suivait le même horaire que le camp, s’explique Wafiq.

– Bon. On le saura pour la prochaine fois.

J’ai hâte qu’on se rende à cet appartement et qu’on sorte d’ici. Ce n’était pas assez de détruire le jardin ? Et pourquoi ? Pour convenir à la famille de la voisine ! Je ne l’ai jamais vue cette voisine sans un bébé sur le sein. Maintenant, c’est le camp entier qu’on quitte.

– Ne t’en fais pas, ma chérie. Le camp n’ira nulle part. Et les poules sont toujours là, me consola ma tante Siham, la sœur cadette de Papa, lorsqu’elle m’a trouvée pleurnichant dans la chambre de Jiddo le premier jour. Elles sont chez Amto Maryam. Tu pourras les visiter quand tu veux.

– Je ne suis plus un bébé. Je sais bien que ce ne sont pas les mêmes poules.

– Mais elles n’ont jamais été les mêmes poules, habeebti.

Amto Siham ne nous a pas accompagnés aujourd’hui. Elle suit des cours d’été. Je jette un coup d’œil derrière moi. Ma tante Souad est silencieuse. Cela ne peut signifier qu’une chose. Un rendez-vous est à l’horizon.

– Nous y voilà, déclare enfin Wafiq, provoquant une symphonie de soulagement.

À la lumière du briquet de Papa, il débarre la porte métallique qui dédouble celle, en bois, de l’appartement.

Un grincement.

Puis, une échancrure. Toute petite déchirure d’où surgit un éblouissant rayon de soleil. Sa lame découpe la noirceur en deux.

– Wow ! s’exclame mon frère qui s’est assuré d’être le premier à y entrer.

– Bienvenue dans ton nouvel appartement Yamma, annonce doucement Papa.

Blanc. Que du blanc. Le plafond haut, les murs propres, le plancher en marbre. L’espace plus ouvert que les pétales d’une fleur au printemps. Le soleil peut s’y nicher en mille et un endroits. Le salon avalerait facilement les deux chambres du camp. Bien que le balcon soit étroit, il est assez long pour accueillir une dizaine de personnes lors des veillées de shisha. Pas une, mais deux salles de bains ! La cuisine, bien carrée avec un petit balcon donnant sur le stationnement où l’on peut suspendre la lessive en toute discrétion.

Téta ne dit rien. Elle relâche enfin le bras de Papa et avance tranquillement, se nourrissant les yeux de lumière.

– Combien de chambres ?

– Trois.

– C’est beaucoup. Tes frères et sœurs sont partis. Il ne reste que ma petite Siham.



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